lundi 18 mars 2013

L'École des beaux-arts de Montréal, un bâtiment de style...beaux-arts


Par Émilie Tanniou


Elle a formé les peintres importants de l’histoire de l’art du Québec, Paul-Émile Borduas, Jean-Paul Lemieux, Jean Dallaire et été construite par deux architectes majeurs, J. Omer Marchand (a réalisé le Collège Dawson) et Ernest Cormier (a conçu l'Université de Montréal).
Retour sur l'histoire d'une institution montréalaise.

L'École des beaux-arts de Montréal est créée en 1922.  Elle vise à former des peintres, des sculpteurs, des décorateurs et des dessinateurs pour le commerce et l'industrie, ainsi que des jeunes maîtres pour l'enseignement des arts. 
En 1923, l'enseignement de l'architecture qui était dispensé à l'École polytechnique se déplace à l'École des beaux-arts de Montréal. Avec la création de l'École d'architecture de Montréal en 1959, on assiste à un nouveau déplacement de l'enseignement de l'architecture vers la nouvelle école. L'École des beaux-arts de Montréal poursuit ses activités d'enseignement dans les autres domaines des beaux-arts 1. Elle ferme en 1969, l'enseignement des beaux-arts est transféré à l'Uqam. 
Le Conseil des arts de Montréal y réside de 1988 à 2009. Depuis l’école accueille des évènements liés aux arts visuels comme la Biennale de Montréal en 2011 et 2013.

La construction de l’école est confiée à J. Omer Marchand et Ernest Cormier.

Considéré comme l’un des architectes montréalais les plus novateurs du début du XXe siècle, J. Omer Marchand (Montréal, 1873 – Montréal, 1936) étudie à l’École des beaux-arts de Paris en 1893, devenant ainsi le premier diplômé canadien de cet établissement. Il conçoit notamment la prison de Bordeaux (1905) et au cours des années 1920, il conçoit davantage de bâtiments de style Art déco, tels que le bain Généreux (1926-1927) sur la rue Amherst. Il s’associe avec l’architecte Ernest Cormier de 1919 à 1923 2.

Ernest Cormier (Montréal, 1885 – Montréal, 1980) est admis à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1908. Il conçoit des édifices majeurs dans l’histoire de l’architecture au Canada, notamment l’Université de Montréal (1928-1943) 3.
Ensemble avec J. Omer Marchand, ils réalisent l’édifice de l’École des beaux-arts. 
Ce bâtiment est de style beaux-arts (1894-1930).

À la fin du XIXe siècle, l’École des beaux-arts de Paris, prestigieuse école d’architecture, accueille des étudiants venus de tout l’Occident. L’École a développé au fil des ans des principes académiques que les étudiants étrangers ont rapporté dans leur pays respectif. Ils ont rapporté un style, synthèse de l’architecture française de la Renaissance à la fin du XVIIIe siècle, qu’ils baptisent du nom de l’école.
Le style beaux-arts a un impact considérable sur l’architecture montréalaise et nord-américaine pendant le premier tiers du XXe siècle. Les architectes adoptent cette architecture qu’ils ont vu aux expositions universelles de Chicago (1893) et Paris (1900).
L’apparition du style beaux-arts à Montréal correspond à une période de prospérité économique et d’effervescence artistique sans précédent. Ses préceptes sont largement appliqués à l’architecture civile. Le style beaux-arts devient rapidement un symbole de l’épanouissement de la bourgeoise francophone.
Les édifices scolaires du milieu francophone suivent de très près les préceptes académiques de l’École des beaux-arts 4.

3450 rue Saint-Urbain


Les principes de ce style appliqués à L'École des beaux-arts de Montréal sont axés sur la symétrie et l’emploi de parement clairs et uniformes.
D’abord plantureux, le style beaux-arts s’assagit aux alentours de la Première guerre mondiale. Il se définit par la présence de cartouche (panneau décoratif) au-dessus des ouvertures, par un toit plat ceinturé d’une corniche richement décorée. Une certaine monumentalité est conférée par une grande rigueur de composition et un vocabulaire architectural affiné 5
Le style utilise en façade la brique beige d’origine américaine et fait usage du béton car le style beaux-arts cherche à marier les techniques de l’époque et les styles du passé.

Ce style trouve sa meilleure expression dans les œuvres de J. Omer Marchand dont l’école des beaux-arts.


1. Fonds de l'école des beaux-arts
2. Biographie de J. Omer Marchand
3. Biographie d'Ernest Cormier
4. Le patrimoine de Montréal. Document de référence. Gouvernement du Québec, Ministère de la culture et des Communications, Ville de Montréal, Canada, 1998
5. François Rémillard, Brian Merrett, L'architecture de Montréal. Guide des styles et des bâtiments, Canada: Éditions du Méridien, 1990


lundi 4 mars 2013

Le style néoclassique

Par Émilie Tanniou


Au XVIIIe siècle, les Lumières suscitent un intérêt pour l'étude des ruines de l'Antiquité grecque et romaine. La large diffusion de recueils de gravures de monuments et objets antiques qui s'ensuivit relance la mode de l'architecture de l'Antiquité grecque. Le sobre style néoclassique grec connait un alors grand succès en Europe et aux États-Unis au début du XIXe siècle 1
Les édifices montréalais de cette époque se définissent par une architecture en pierre de taille de très grande sobriété, aux ordres purs et de composition rigoureuse 2. Si ces bâtiments de la première moitié du XIXe siècle (1800-1867) sont peu nombreux, il ont en revanche inspirés un certain nombre de bâtiments de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. 
Tour d'horizon.

Le style néoclassique donne aux banques une image d'ordre, de pouvoir et de stabilité. 
Contrairement, aux temples grecs, la structure centrale de cet édifice est percée de nombreuses fenêtres. Son portique (galerie couverte à colonnes et entablement (structure horizontale dans l'architecture classique surmontant les chapiteaux d'une colonnade)) corinthien (ordre d'architecture de l'Antiquité grecque très ornementé et largement employé par les Romains) hexastyle (à six colonnes) d'ordre colossal  (Ordre d'architecture dont les éléments embrassent deux ou plusieurs étages) a l'aspect d'un temple grec. Cependant ses fenêtres à guillotine (Fenêtre composée de deux châssis mobiles glissant verticalement l'un sur l'autre) indiquent qu'il s'agit d'une construction du XIXe siècle. 


Banque de Montréal de 1847 sur la Place d'armes
L'architecture néoclassique fait un grand usage des frontons (panneau de forme triangulaire caractéristique surmontant les portiques de l'Antiquité). Ils surmontent les portiques ci-dessus et ci-dessous et sont également des ornements surmontant les fenêtres du rez-de-chaussée de la Banque de Montréal.

Le marché bonsecours, 1847, vieux Montréal
Le style néoclassique utilise la pierre et la symétrie. Ci-dessous un élégant édifice composé d'une partie centrale et de deux ailes (parties latérales d'un édifice) à l'architecture dépouillée surmonté d'une corniche (élément saillant servant à couronner le sommet d'un mur)

La prison Au-Pied-du-Courant, 1840, aujourd'hui Centre d'Exposition des Patriotes

1. C. Davidson Cragoe, Comprendre l'architecture, Larousse, 2010
2. Le patrimoine de Montréal. Document de référence, Gouvernement du Québec, Ministère de la Culture et des Communications, Ville de Montréal, 1998