lundi 17 décembre 2012

Le marché Saint-Jacques en 1931, photos d'archives


Un demi-siècle après sa fermeture, le marché Saint-Jacques rouvre ses portes en 2010. Retour sur le bâtiment tel qu'il était en 1931, lors de sa construction.

Le marché Saint-Jacques est situé entre les rues Amherst, Ontario, Wolfe et Square Amherst. Il s'agit d'un bâtiment Art Déco (bientôt une note sur ce style). 

En 1931, alors que les Montréalais vont au marché presque tous les jours pour acheter des produits frais, le marché Saint-Jacques est construit pour remplacer un marché datant de 1870. 

Le marché de 1870. Archives de la Ville de Montréal
Le bâtiment est construit dans un contexte de crise économique et répond à un programme fédéral visant à donner de l’emploi aux chômeurs 1.
Il est conçu par les architectes montréalais Zotique Trudel (1871-1931) et Joseph Albert Karsh (1873-1945) sous la responsabilité de l’entrepreneur général E. G. M. Cape & Co. Le propriétaire est alors la Ville de Montréal. Le marché Saint-Jacques est loué lors de sa construction pour son équipement ultra moderne 2

Le marché Saint-Jacques en 1931. Archives de la Ville de Montréal


À partir de la couronne en cuivre en forme de pyramide (ziggourat), la pierre souligne les colonnes de briques du  marché comme une cascade. Le parapet (muret surmontant la façade d'un édifice) est traité de manière intéressante dans une combinaison de brique et de pierre, et la pyramide dont le sommet est un profil de marches est la couronne appropriée à cette conception 3.

L’entrée principale est une simple arche semi-circulaire garnie de manière subdivisée par des portes encadrées de pylônes et de linteaux (pièces horizontales formant la partie supérieure de la porte) moulés en béton. Des deux côtés de la porte principale figure une petite porte au-dessus de laquelle est placé un panneau d’ornementation moulé en béton. . Archives de l'UQAM

Au-dessus de la grande entrée de pierre, les fenêtres verticales aux tympans (espace situé au-dessus des fenêtres) de pierre décorés ajoutent une poussée supérieure vers le ciel et donne l’illusion d’un gratte-ciel très râblé. Cependant, contrairement à un gratte-ciel, le bâtiment est un long bâtiment rectangulaire. Le marché est ainsi un exemple d’utilisation réussie de la brique permettant un agencement qui accentue la verticalité de l’ensemble et qui intègre un rythme d’illusion d’optique aux façades. La brique de forme, de couleur, de texture différente est souvent utilisée entre chaque ouverture des travées verticales du fenêtrage 4.

Alternance de la brique (en gris) et de la pierre (en gris pâle) dans la partie droite du bâtiment. Archives de l'UQAM

La façade de la rue Amherst est traitée par une série de neuf boutiques dans lesquelles on entre par la rue et qui ne communiquent pas avec l’intérieur du bâtiment. Une marquise (sorte d'auvent) protectrice de métal s’avance le long du trottoir et fournit une protection pour les boutiques.

Détail de la marquise et des boutiques. Archives de l'UQAM.

Le plan du marché lui-même est impressionnant dans sa simplicité et consiste en deux larges ailes centrales, une dans l’axe longitudinal du bâtiment et l’autre dans l’axe latéral, les espaces intermédiaires étant occupés par douze étals de marché. 

Le rez de chaussée. Revue Construction

Au rez-de-chaussée, les étals ont des comptoirs en émail blanc et des parois avec une installation en acier inoxydable, incluant les crochets à viande, les portes des réfrigérateurs et les vitrines. Chaque étal est équipé d’un large compartiment réfrigéré et d’une petite partie équipée d’un bassin de lavage.

Une boutique. Revue Construction

 1. France Vanlaethem, « L’architecture Art Déco à Montréal » dans ICOMOS Canada, Actes du colloque, « Art Déco de France et du Canada » : 18 et 19 novembre 1994, Ottawa, ICOMOS Canada, 1995, p. 66-67.
 2. Sandra Cohen-Rose, Art deco architecture in Montreal, Montréal, Corona publishers, 1996, p. 138.
 3. « St. James Market » dans Construction, Toronto, Vol. XXIV, No. 12, 1931, p. 383.
 4. Jean-Pierre Duchesne, L’ornementation architecturale Art Déco à Montréal, 1925-40, Mémoire de M.A Histoire de l’art, Université Concordia, Montréal, 1990,  p. 76.