Par Émilie Tanniou
Les bâtiments symbolisent les mutations que connaissent les villes et villages. La fonction d'une ville ou d'un village évolue, sa population change également d'une période à une autre. Parfois des quartiers entiers sont démolis afin de reconstruire selon un schéma répondant davantage à un nouveau modèle économique. Ce fut notamment le cas lors de la Révolution industrielle et dans les années 1960 pour construire des autoroutes par exemple. À Montréal, on peut penser à l'autoroute Ville-Marie ou encore à la tour de Radio-Canada dans Hochelaga-Maisonneuve, construite sur d'anciens îlots d'habitations.
Le grand bédéiste Will Eisner a fort bien illustré ce phénomène pour la ville de New-York. On y voit des quartiers comme Queens ou Brooklyn changer d'allure, d'urbanisme, vague migratoire après vague migratoire.
La Trilogie new-yorkaise |
Will Eisner, Au Coeur de la tempête |
Lors de ces changements, des bâtiments sont souvent laissés à l'abandon. Ils semblent alors suivre les préceptes de John Ruskin, critique d'art en Angleterre au XIXe siècle. Pour lui, un bâtiment doit suivre un cycle de vie normal pour finir à l'état de ruine.
En réalité, ces abandons répondent davantage à la loi du marché. Souvent ces bâtisses exhibent leurs murs croulants parce que les héritiers du propriétaire se sont envolés dans la nature. Or, quand finalement une solution est trouvée et que le bâtiment est racheté, son état de dégradation est tel que la destruction est préférée à la rénovation, devenue trop lourde financièrement.
Chaque quartier de Montréal a son bâtiment abandonné. Il attire les regards, soulève des questions.
Certains édifices, notamment les maisons victoriennes, dégagent presque une atmosphère poétique, une certaine esthétique de la ruine.
Des photographes, professionnels et amateurs, se sont penchés sur ces lieux et l'atmosphère qui s'en dégage à Détroit et à New York.
À Montréal aussi, des lieux abandonnés comme le silo n°5 dans le vieux port ou une ancienne brasserie peuvent être visités virtuellement.
Une partie de ces ruines ou semi-ruines finissent sous le pic des démolisseurs mais connaissent aussi parfois une seconde vie lorsqu'ils ne sont pas en trop mauvais état. Ainsi une église désaffectée peut devenir un édifice commercial comme le montre cet exemple.
Toujours dans le domaine des reconversions, certaines s'avèrent extraordinaires, comme ces églises transformées en théâtre, garage, banque, bibliothèque, médiathèque, conseil municipal, atelier d'artiste, cave à vin. Ça se passe ici.
La semaine prochaine: Petit inventaire des bâtiments abandonnés à Montréal
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