Un demi-siècle après sa fermeture, le marché Saint-Jacques rouvre ses portes en 2010. Retour sur le bâtiment tel qu'il était en 1931, lors de sa construction.
Le
marché Saint-Jacques est situé entre les rues Amherst, Ontario, Wolfe et Square Amherst. Il s'agit d'un bâtiment Art Déco (bientôt une note sur ce style).
En
1931, alors que les Montréalais vont au marché presque tous les jours pour
acheter des produits frais, le marché Saint-Jacques est construit pour
remplacer un marché datant de 1870.
Le marché de 1870. Archives de la Ville de Montréal |
Le bâtiment est construit dans un
contexte de crise économique et répond à un programme fédéral visant à donner
de l’emploi aux chômeurs 1.
Il est conçu par les architectes montréalais Zotique Trudel (1871-1931) et Joseph Albert Karsh (1873-1945) sous la responsabilité de l’entrepreneur général E. G. M. Cape & Co. Le propriétaire est alors la Ville de Montréal. Le marché Saint-Jacques est loué lors de sa
construction pour son équipement ultra moderne 2. Le marché Saint-Jacques en 1931. Archives de la Ville de Montréal |
À partir de la couronne en cuivre
en forme de pyramide (ziggourat), la pierre souligne les colonnes de briques du marché comme une cascade. Le parapet (muret surmontant la façade d'un édifice) est traité
de manière intéressante dans une combinaison de brique et de pierre, et la
pyramide dont le sommet est un profil de marches est la couronne appropriée à cette
conception 3.
Au-dessus de la grande entrée de
pierre, les fenêtres verticales aux tympans (espace situé au-dessus des fenêtres) de pierre décorés ajoutent une
poussée supérieure vers le ciel et donne l’illusion d’un gratte-ciel très
râblé. Cependant, contrairement à un gratte-ciel, le bâtiment est un long bâtiment
rectangulaire. Le marché est ainsi un exemple d’utilisation réussie de la brique
permettant un agencement qui accentue la verticalité de l’ensemble et qui intègre
un rythme d’illusion d’optique aux façades. La brique de forme, de couleur, de texture
différente est souvent utilisée entre chaque ouverture des travées verticales
du fenêtrage 4.
Alternance de la brique (en gris) et de la pierre (en gris pâle) dans la partie droite du bâtiment. Archives de l'UQAM |
La façade de la rue Amherst est
traitée par une série de neuf boutiques dans lesquelles on entre par la rue et
qui ne communiquent pas avec l’intérieur du bâtiment. Une marquise (sorte d'auvent) protectrice
de métal s’avance le long du trottoir et fournit une protection pour les boutiques.
Détail de la marquise et des boutiques. Archives de l'UQAM. |
Le plan du marché lui-même est
impressionnant dans sa simplicité et consiste en deux larges ailes centrales, une
dans l’axe longitudinal du bâtiment et l’autre dans l’axe latéral, les espaces
intermédiaires étant occupés par douze étals de marché.
Le rez de chaussée. Revue Construction |
Au rez-de-chaussée, les étals ont des
comptoirs en émail blanc et des parois avec une installation en acier inoxydable,
incluant les crochets à viande, les portes des réfrigérateurs et les vitrines. Chaque
étal est équipé d’un large compartiment réfrigéré et d’une petite partie équipée
d’un bassin de lavage.
Une boutique. Revue Construction |
1. France Vanlaethem,
« L’architecture Art Déco à Montréal » dans ICOMOS Canada, Actes du colloque, « Art Déco de
France et du Canada » : 18 et 19 novembre 1994, Ottawa, ICOMOS
Canada, 1995, p. 66-67.
2. Sandra Cohen-Rose, Art deco architecture in Montreal,
Montréal, Corona publishers, 1996, p. 138.
3. « St. James
Market » dans Construction, Toronto,
Vol. XXIV, No. 12, 1931, p. 383.
4. Jean-Pierre
Duchesne, L’ornementation architecturale
Art Déco à Montréal, 1925-40, Mémoire de M.A Histoire de l’art, Université
Concordia, Montréal, 1990, p. 76.
Thank you Emma
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